Parallèlement à la publication par la BCE de nouvelles
projections de l'Eurosystème pour la zone euro, cet article
présente les résultats attendus pour l'économie belge en 2011 et en
2012. La phase de reprise observée dans l'économie mondiale depuis
deux ans a atteint une certaine maturité au début de 2011. Sous
l’impulsion des économies émergentes, les échanges internationaux,
qui avaient été fortement touchés par la crise financière et la
récession économique, ont recouvré leur niveau d’avant la crise.
Étant donné l’atténuation des tensions financières et le caractère
accommodant des politiques monétaires et budgétaires menées jusqu’à
présent, l’activité dans les différentes zones économiques devrait
progressivement s’appuyer sur une base plus large que les seules
exportations, notamment grâce à l’augmentation des investissements.
Cette amélioration de la situation économique a donné lieu à une
hausse rapide du prix des matières premières et, subséquemment, de
l’inflation des prix à la consommation.
Des facteurs importants d'incertitude demeurent cependant.
Héritage de la crise de 2008-2009, la situation gravement dégradée
des finances publiques dans la plupart des économies avancées des
deux côtés de l’Atlantique appelle des mesures de consolidation. De
même, considérées globalement, les institutions financières auront
à poursuivre leur restructuration. À ces facteurs susceptibles de
peser sur l'économie s’ajoutent les risques résultant des
catastrophes naturelles au Japon et des tensions politiques et
sociales au Moyen Orient et en Afrique du Nord. En ce qui concerne
la zone euro, des divergences importantes existent en son sein,
comme en témoigne la vigueur inattendue de la reprise en Allemagne
– en particulier au premier trimestre de 2011 –, d’un côté, et le
recul de l'activité auquel font face les économies présentant de
graves difficultés structurelles, d’autre part.
Dans ce contexte, les projections de l’Eurosystème font état de
la poursuite de la reprise, mais à un rythme moins vigoureux qu'au
début de 2011. Elles sont établies sur la base d'hypothèses
arrêtées à la mi-mai 2011. Elles tablent sur la poursuite de
l'expansion des échanges commerciaux internationaux en 2011 et en
2012, quoique à un rythme moins élevé qu'en 2010. Les cours du
pétrole passeraient, sur la base des marchés à terme, d'un niveau
moyen de 79,6 dollars en 2010 à 111,1 dollars en 2011 et 108
dollars en 2012. Les taux d'intérêt sont également supposés suivre
l'évolution prévue par le marché. En moyenne annuelle, les taux des
dépôts interbancaires en euros à trois mois s'afficheraient à 1,6 %
en 2011 et 2,3 % en 2012 et ceux des obligations de l'État belge
atteindraient 4,3 % en 2011 et 4,7 % en 2012. Les cours de change
sont, quant à eux, maintenus constants au niveau de 1,43 dollar.
Dans ce contexte, après avoir atteint 1,7 % en 2010, la croissance
du PIB dans la zone euro devrait s'établir entre 1,5 et 2,3 % en
2011 et entre 0,6 et 2,8 % en 2012. Pour sa part, l'inflation qui a
été de 1,6 % en 2010 atteindrait entre 2,5 et 2,7 % en 2011 et
entre 1,1 % et 2,3 % en 2012.
En Belgique, les développements récents de l'activité ont été
meilleurs que ce qui avait été prévu dans les exercices antérieurs
de projections, y compris dans celui présenté en décembre 2010.
Dans le sillage de l’Allemagne, l'économie belge a été en mesure de
tirer profit de la reprise de la demande mondiale, tandis que la
consommation privée s’est rapidement redressée grâce à la
résistance inattendue du marché du travail. Progressivement, les
investissements des entreprises et des ménages devraient également
reprendre. Ainsi, la croissance du PIB bénéficierait de plusieurs
moteurs. Au total, cette croissance a été de 2,1 % en 2010; elle
devrait atteindre 2,6 % en 2011, puis revenir à 2,2 % en 2012, soit
des taux de progression supérieurs à ceux de la zone euro.
La poursuite de la croissance de l'activité s'appuierait sur une
consolidation du marché du travail. La création d’emplois se
maintiendrait à un taux très légèrement supérieur à celui observé
en 2010, de respectivement 0,9 et 0,8 %. Ainsi, en termes nets,
quelque 77 000 emplois additionnels seraient créés entre la fin de
2010 et la fin de 2012, après une augmentation de 54 200 unités
dans le courant de 2010. Compte tenu de l’évolution attendue de la
population active, le mouvement de recul du chômage amorcé dès le
début de 2010 se poursuivrait de manière continue, faisant passer
le taux de chômage de 8,4 % en moyenne en 2010 à 7,3 % en 2012.
À mesure qu'elle se poursuit en 2011 et 2012, la croissance de
l'activité devrait s'appuyer sur une assise plus large. La reprise
économique commencée en Belgique à la fin de 2009 a en effet été
tirée par le fort rebond des exportations, suscité par le net
raffermissement du commerce mondial, tandis que la croissance de la
demande intérieure demeurait en retrait. Les exportations de biens
et services, qui avaient connu une croissance vigoureuse en 2010
parallèlement au rebond de la demande extérieure, devraient croître
plus modérément cette année et l'année suivante, de 7 et 5,4 % en
termes réels, respectivement. En effet, l'expansion des marchés
extérieurs devrait se ralentir et les pertes de parts de marché
encourues par les firmes belges, qui avaient été très limitées au
cours des trois dernières années, devraient s'élargir sur l'horizon
de projection. La consolidation de l'activité économique se traduit
par un redressement de la demande adressée aux entreprises et par
une amélioration de leur rentabilité de nature à faciliter
l’autofinancement des projets d'investissements. Dans ce contexte,
on s'attend à ce que les investissements des entreprises augmentent
à partir de 2011, après deux années consécutives de contraction. La
formation brute de capital fixe des entreprises devrait ainsi
progresser de 3,7 % en volume en 2011 et 2012. La consommation des
ménages s'est redressée assez rapidement au lendemain de la crise:
après un fort tassement en 2009, elle a augmenté de 1,6 % en termes
réels dès 2010. Cette croissance demeurerait sensiblement la même
en 2011 et en 2012, de quelque 1,7 %, malgré l'évolution un peu
plus volatile du revenu disponible des ménages. Après une hausse
substantielle enregistrée au plus fort de la crise, le taux
d’épargne devrait poursuivre en 2011 le recul amorcé en 2010. Il
remonterait de 0,6 pp. en 2012 s’établissant à 17,2 %, niveau
proche de son niveau de long terme.
Parallèlement à la reprise franche de l'activité et de la
demande au niveau mondial, les pressions inflationnistes d'origine
extérieure se sont nettement renforcées en Belgique dans le courant
de 2010 et au début de 2011. Mesurée sur la base de l'IPCH,
l'inflation est passée de 0,8 % en janvier 2010 à 3,7 % en janvier
2011. Elle oscillerait autour d’un niveau largement supérieur à 3 %
tout au long de l'année. Au total, en moyenne annuelle, la hausse
des prix à la consommation passerait de 2,3 % en 2010 à 3,4 % en
2011, avant de revenir à 2,2 % en 2012, lorsque, selon les
hypothèses retenues, les hausses des prix à la consommation des
produits énergétiques se ralentiront. En revanche, passant de 1,1 %
en moyenne en 2010 à 1,7 % en avril 2011 – principalement sous
l'impulsion des services –, l'inflation sous-jacente s'est
accélérée à la fin de 2010 et au début de 2011; elle atteindrait 2
% en moyenne en 2012.
En Belgique, les coûts salariaux unitaires dans le secteur privé
ont diminué de 0,7 % en 2010, sous l'effet conjugué du redressement
de la productivité et d'un effet très limité de l'indexation. Dans
un contexte de consolidation de la phase de reprise et d'inflation
élevée, ces deux facteurs ne seront plus aussi déterminants en 2011
et 2012. Ainsi, les coûts salariaux unitaires augmenteraient de
respectivement 1,6 et 2,5 %. Pour sa part, la croissance des coûts
salariaux par heure passerait de 0,6 % en 2010 à 2,9 % en 2011 et
3,4 % en 2012. Cette accélération prononcée, à partir il est vrai
d'un taux de progression limité la première année, résulte très
largement de l'indexation automatique des salaires. Selon les
projections, l'indice santé des prix à la consommation, qui sert de
référence pour l'indexation, progresserait de 3 % en 2011 et de 2,3
% en 2012. Au delà de l'indexation, l’hypothèse retenue pour
l'évolution des coûts salariaux horaires dans le secteur privé en
2011 et 2012 prend en compte l'accroissement de 0,3 % prévu pour la
deuxième année dans le projet d'accord interprofessionnel imposé
par le gouvernement, ainsi qu'une progression supplémentaire liée
notamment aux tensions qui se font jour sur certains segments du
marché du travail.
D’après les informations les plus récentes, le déficit public
était de 4,1 % du PIB en 2010. Ce résultat est nettement meilleur
que celui relevé l'année précédente, lorsque la crise économique et
financière avait porté le déficit à 5,9 % du PIB. Dans le contexte
macroéconomique décrit ci dessus, le déficit reviendrait à 3,5 % du
PIB en 2011 mais se creuserait à nouveau en 2012 pour s'élever à
4,1 % du PIB.
La hausse du taux d’endettement des administrations publiques
observée depuis 2008, sous l'effet des injections de capital
octroyées aux institutions financières et des conséquences de la
récession économique, s'est considérablement ralentie en 2010. Elle
devrait être suivie d’une réduction limitée en 2011, puis plus
marquée en 2012. Le taux d'endettement passerait de 96,6 % du PIB
en 2010 à 95,4 % en 2012.