MONTRÉAL, le 2 juill. 2024 /CNW/ - Face aux graves
obstacles que rencontrent de nombreuses personnes et familles pour
se loger en cette période de déménagement, la Ligue des droits et
libertés (LDL) ainsi que le Front d'action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU), le Mouvement d'éducation populaire
et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), l'Observatoire des
inégalités raciales au Québec (OIRQ), le Regroupement des
organismes en hébergement pour personnes migrantes (ROHMI) et la
Table de concertation des organismes au service des personnes
réfugiées et immigrantes (TCRI) invitent la population à rejeter
fermement l'amalgame erroné qui attribue la crise du logement aux
personnes migrantes.
Les véritables causes de la crise du logement sont identifiées
depuis des décennies par les organisations travaillant à la défense
du droit au logement et des droits des locataires. Le fait est que
les gouvernements successifs ont failli à mettre en place des
politiques publiques et investissements permettant que toutes et
tous soient logé-e-s, et surtout, logé-e-s dignement.
Les données démontrent que le manque de logements réellement
abordables ne peut pas être attribué à l'influx migratoire ; ni aux
travailleuses et travailleurs étrangers temporaires, ni aux
personnes demandeuses d'asile, ni aux personnes sans statut déjà
présentes sur le territoire. Les organisations défendant les droits
des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d'asile, ainsi
que des groupes de chercheur-euse-s, ont également rectifié les
faits à plusieurs reprises.
Les personnes migrantes sont parmi les plus vulnérables et à ce
titre, vivent de la discrimination et d'importantes difficultés
d'accès au logement. Il importe que la population québécoise soit
alertée de l'amalgame erroné entre la crise du logement et les
personnes migrantes qui est mis de l'avant.
Durant les dernières semaines, les interventions de certaines
personnalités publiques, d'élu-e-s, et même du premier ministre
François Legault, ont contribué à faire des personnes migrantes les
boucs émissaires de la crise du logement. Non seulement leur
attribuer pareille responsabilité est mensonger, mais alimente une
rhétorique anti-immigration incompatible avec un projet de société
respectueux des droits humains.
Citations
« On observe beaucoup de désinformation, et le tout prend place
dans un climat de plus en plus hostile aux personnes migrantes.
C'est non seulement inquiétant mais inacceptable de voir des
élu-e-s transmettre des informations erronées comme on a pu le voir
au cours des dernières semaines. On ouvre la porte à une dérive
vraiment dangereuse. » - Laurence Guénette, porte-parole de la
Ligue des droits et libertés.
« Les discours qui font de l'immigration la cause de la crise du
logement sont irresponsables et alimentent les sentiments
anti-immigration et xénophobes. Ils ne permettront en rien de
trouver des solutions à des problèmes pourtant bien réels. Ces
discours dénotent non seulement un mépris certain envers les
personnes migrantes, mais également envers toutes les personnes qui
souffrent de cette situation, à qui l'on propose de fausses
solutions. » - Stephan Reichhold,
directeur général de la Table de concertation des organismes au
service des personnes réfugiées et immigrantes
« Cette rhétorique de l'immigrant bouc émissaire est triplement
dangereuse. Non seulement elle vient alimenter le discours
anti-immigration, elle stigmatise les personnes immigrantes et elle
empêche de s'attaquer au problème de fond : les
désinvestissements dans les services publics et les logements
abordables. » - Florence Bourdeau,
co-coordonnatrice du Regroupement des organismes en hébergement
pour personnes migrantes (ROHMI)
« L'analyse purement numérique que fait le gouvernement Legault
ne tient pas la route. Dans cinq grandes villes du Québec, la
construction résidentielle a soit suivi, soit surpassé la
croissance du nombre de ménages. En vérité, les logements
construits ne répondent tout simplement pas aux besoins actuels.
Quant aux demandeurs d'asile, ils sont en nombre croissant dans les
ressources en itinérance. Freiner leur entrée n'allègera en rien
les très longues listes de personnes en attente d'un logement
social puisqu'ils n'y ont pas accès. Les besoins en matière de
logement répondant à la capacité de payer des gens dépassent de
loin la soi-disant pression par l'immigration. »
- Stéphanie Barahona, organisatrice communautaire, Front d'action
populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Faits saillants
Observatoire sur les inégalités raciales au Québec et Institut
de recherche et d'information socioéconomique, « Crise du logement
et immigration : Mettons fin à l'amalgame », publication
Égalités du 11 juin 2024
SOURCE Ligue des droits et libertés