MONTRÉAL, le 16 mai 2024 /CNW/ - Mépriser le droit à
la négociation de ses salarié•es finit par coûter cher : une
grève générale illimitée, déclenchée le 24 avril dernier par
l'Association mcgillienne de professeur•es de droit (AMPD), menace
présentement la tenue du Congrès de la Fédération des sciences
humaines - le plus grand rassemblement d'universitaires au
Canada, qui doit se tenir des 12
au 21 juin prochains - sur le campus de l'Université McGill. Déjà,
plusieurs organisations, dont l'Association canadienne de science
politique, la Société historique du Canada, l'Association canadienne de
philosophie, la Société canadienne d'histoire et de philosophie des
sciences, l'Association of Canadian College and University
Teachers of English et l'Association canadienne droit et
société, ont indiqué qu'elles n'inviteraient pas leurs membres à
traverser des piquets de grève pour participer à leur conférence si
le conflit de travail devait se poursuivre. Partout au Québec, des
professeur•es ont également contacté leur association savante
respective pour exprimer leur inconfort : à leurs yeux, l'idée de
prendre part à un congrès scientifique ayant lieu dans une
institution menant présentement un agressif combat antisyndical
contre ses professeur•es semble intenable.
Ces actions font suite au soutien inébranlable de la Fédération
québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) et
de l'Association canadienne des professeures et professeurs
d'université (ACPPU), qui ont interpellé McGill pour qu'elle cesse
de prendre en otage ses étudiant•es et les universitaires
canadien•nes et accepte de négocier de bonne foi avec ses
professeur•es. « L'administration de McGill a d'abord contesté
devant les tribunaux l'accréditation syndicale de l'AMPD et le
droit de ses membres à la négociation collective, adoptant en cela
une approche digne d'entreprises comme Walmart et Amazon »,
rappelle Madeleine Pastinelli,
présidente de la FQPPU. « À présent, après avoir fait indument
traîner les négociations et insulté des étudiant•es qui soutenaient
l'AMPD, l'administration refuse tout simplement de se rendre
disponible à la table. Il devient de plus en plus clair que, dans
la négociation, McGill a choisi le mépris comme stratégie. »
Mentionnons que la prochaine rencontre consentie par l'université
devrait avoir lieu le 7 juin prochain, soit plus de six semaines
après la dernière séance de négociation et une dizaine de jours
après la graduation prévue des étudiant•es de l'université.
Dans ces circonstances, la FQPPU invite formellement la
Fédération des sciences humaines à ne pas prendre position en
faveur de l'employeur, de manière directe ou indirecte, dans le
conflit de travail qui l'oppose aux professeur•es de droit.
« Toute prise de position qui suggèrerait que la Fédération
cautionne le non-respect du droit fondamental à la négociation
collective porterait gravement atteinte à son image de défenderesse
des sociétés démocratiques et progressistes », affirme
Madeleine Pastinelli. « À cet
égard, nous croyons qu'il est de la responsabilité de la Fédération
de proposer à ses membres un plan de contingence, advenant que son
Congrès doive se tenir dans le cadre d'un conflit de travail où
l'administration n'a pas caché son dédain pour les droits de ses
professeur•es. » Mentionnons en effet que les démarches de
syndicalisation de l'AMPD font suite à un triste constat, soit
celui d'une verticalisation croissante des rapports et, en
l'absence d'une convention collective, d'une culture de
l'arbitraire profondément inéquitable où charges de travail et
salaires sont extrêmement variables.
En guise de rappel, les demandes de l'AMPD, diffusées dans un
communiqué publié le 11 avril dernier, pourraient difficilement
être plus raisonnables. Selon le syndicat, seuls deux ou trois
jours de négociations collectives ciblées pourraient régler cette
situation qui, par l'inaction actuelle de l'université, ne cesse de
s'envenimer.
Depuis 1991, la FQPPU est l'instance de concertation et
de représentation du corps professoral universitaire
québécois.
SOURCE Fédération québécoise des professeures et professeurs
d'université (FQPPU)