MONTRÉAL, le 13 mai 2024 /CNW/ - Un premier entrepôt
d'Amazon est syndiqué au Canada : dans une décision rendue
vendredi, le Tribunal administratif du travail (TAT) accrédite le
Syndicat des travailleuses et travailleurs d'Amazon Laval-CSN.
Après avoir mené son enquête en vertu des pouvoirs que lui
confère le Code du travail, le tribunal reconnaît qu'une majorité
de salarié-es de l'entrepôt DXT4 ont fait le choix d'adhérer à leur
syndicat afin d'entamer la négociation menant à une première
convention collective, tel qu'Amazon en a maintenant l'obligation
légale en vertu du caractère exécutoire de la décision.
« Il s'agit d'abord et avant tout d'une très grande victoire
pour des femmes et des hommes venus d'Amérique latine, du Tchad, du
Maghreb et d'Asie, qui n'ont pas eu peur de se tenir debout pour
faire respecter leurs droits », d'affirmer la présidente de la CSN,
Caroline Senneville.
« Au cours des derniers mois, Amazon aura tout essayé pour
s'immiscer dans notre campagne de syndicalisation, n'hésitant pas à
inonder les milieux de travail de messages alarmistes. C'est toute
une leçon de courage que les employé-es de DXT4 viennent de
démontrer. Nous espérons évidemment qu'elle fera boule de neige »,
de poursuivre Caroline
Senneville.
Le 19 avril dernier, la CSN déposait une requête auprès du TAT
pour représenter les 200 salarié-es de l'entrepôt DXT4
d'Amazon, rue Ernest-Cormier à Laval. Au cours des semaines précédentes,
c'est en grand nombre que les salarié-es avaient rallié leur
syndicat.
Selon les propos tenus par les employé-es, plusieurs facteurs
expliquent leur insatisfaction à l'égard de leurs conditions de
travail : des cadences de travail exagérées, des mesures de santé
et de sécurité au travail totalement déficientes, sans parler des
salaires nettement inférieurs à la rémunération offerte dans le
secteur des entrepôts et des centres de distribution au Québec.
Amazon entend contester
Avant même que la décision du TAT ne soit rendue, les avocats
nouvellement retenus par Amazon avaient annoncé, le 6 mai, leur
intention de contester la constitutionnalité de l'article 28
du Code du travail du Québec. Dans une correspondance adressée au
tribunal, à la CSN et au procureur général, Amazon prétend que la
capacité du TAT de reconnaître le caractère représentatif d'un
syndicat est contraire à la Charte des droits et libertés de la
personne « car elle viole le droit de ses salariés à la liberté
d'association en les privant potentiellement de choisir leurs
représentants » [sic].
« On le constate depuis le début : Amazon n'a jamais voulu
respecter le cadre légal qui prévaut en matière de relations de
travail au Québec. Aujourd'hui, Amazon demande ni plus ni moins de
suspendre le Code du travail le temps qu'elle engorge les tribunaux
en s'acharnant à empêcher ses employé-es de se regrouper pour
améliorer leur sort. Ce n'est pas vrai qu'une multinationale
américaine va venir dicter nos lois. Nous avons entièrement
confiance en notre système de justice, qui viendra confirmer que
notre Code du travail est bien conforme à la charte, n'en déplaise
à Amazon », de conclure la présidente de la CSN.
Au cours des prochains jours, le syndicat tiendra une première
assemblée générale pour établir ses statuts et règlements et élire
ses représentantes et représentants syndicaux. Un processus de
consultation sera par la suite mené auprès des salarié-es afin de
jeter les bases d'une première convention collective. En vertu du
Code du travail du Québec, Amazon a dorénavant l'obligation légale
de négocier un tel contrat collectif de travail.
L'information sur l'actuelle campagne de syndicalisation
d'Amazon au Québec peut être trouvée à l'adresse suivante :
https://sesyndiquer.org/mawu/
Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN)
regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public
et parapublic, et ce, dans l'ensemble des régions du Québec et
ailleurs au Canada.
SOURCE CSN