Une personne sur 11 dans le monde a connu la faim en
2023, une sur cinq en Afrique
TORONTO, le 24 juill. 2024 /CNW/ - D'après la
dernière édition en date du rapport sur L'État de la sécurité
alimentaire et de la nutrition dans le monde publié aujourd'hui
par cinq organismes spécialisés du système des Nations Unies,
733 millions de personnes environ ont souffert de la faim en
2023, soit une personne sur 11 à l'échelle mondiale et une sur
cinq en Afrique.
Le rapport annuel, présenté officiellement cette année dans le
cadre de la réunion ministérielle du groupe du G20 chargé de
l'Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté qui se
déroule au Brésil, alerte sur le fait que le monde n'est pas du
tout en bonne voie pour atteindre l'objectif de développement
durable (ODD) 2, Faim zéro, à l'horizon 2030. Il ressort
du rapport que le monde est revenu 15 ans en arrière, les
niveaux de sous-alimentation étant comparables à ceux de
2008-2009.
« À l'échelle mondiale, 1 enfant de moins de cinq ans sur 4 vit
dans une situation de pauvreté alimentaire grave, ce qui expose des
millions d'enfants à un risque élevé de malnutrition et de maladie
potentiellement mortelle », a déclaré Sevaun Palvetzian, présidente
et cheffe de la direction d'UNICEF Canada. « Nous savons qu'une
bonne nutrition est le fondement même de la survie, de la
croissance et du développement du cerveau des enfants. Alors que la
vie et l'avenir de tant de jeunes enfants sont en jeu, le
Canada doit continuer de faire
preuve de leadership afin de soutenir la nutrition maternelle et
infantile dans le monde entier. »
Malgré quelques progrès enregistrés dans certains domaines tels
que le retard de croissance et l'allaitement maternel exclusif, un
nombre préoccupant de personnes demeurent en proie à l'insécurité
alimentaire et à la malnutrition. En 2023, après trois années
consécutives de stagnation des niveaux de faim dans le monde, on
dénombrait ainsi entre 713 millions et 757 millions de
personnes sous-alimentées, soit environ 152 millions de
personnes de plus qu'en 2019 si l'on considère le milieu de la
fourchette (733 millions).
Les tendances diffèrent considérablement selon les régions: la
proportion de la population souffrant de la faim continue
d'augmenter en Afrique (20,4 pour cent), se maintient en
Asie (8,1 pour cent) - même si la situation reste
particulièrement difficile, la région comptant plus de la moitié
des personnes qui souffrent de la faim dans le monde -, et diminue
légèrement en Amérique latine (6,2 pour cent).
De 2022 à 2023, la faim a empiré en Asie de l'Ouest, dans les Caraïbes et dans la
plupart des sous-régions de l'Afrique.
Si les tendances actuelles se confirment, quelque
582 millions de personnes seront sous-alimentées de manière
chronique en 2030, parmi lesquelles la moitié vivront en Afrique,
avertissent le Fonds des Nations Unies pour l'enfance
(UNICEF), le Fonds international de développement agricole (FIDA),
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et
le Programme alimentaire mondial (PAM). Cette projection est très
proche des niveaux observés en 2015 lorsque les objectifs de
développement durable ont été adoptés, ce qui dénote une
stagnation inquiétante des progrès.
Principales constatations au-delà de la faim
Le rapport souligne que l'accès à une nourriture adéquate
demeure difficile à atteindre pour des milliards de personnes. En
2023, environ 2,33 milliards de personnes dans le monde
étaient en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave, un
nombre qui n'a guère évolué depuis le brusque retournement qui
s'est produit en 2020 sur fond de pandémie de covid-19. Plus de
864 millions d'entre elles ont connu une insécurité
alimentaire grave, ce qui signifie qu'elles n'ont rien mangé
pendant une journée entière, voire plus parfois. Ce chiffre est
demeuré invariablement élevé depuis 2020,
et si l'Amérique latine montre des signes d'amélioration,
des défis plus grands persistent, en particulier en Afrique où 58
pour cent de la population se trouve en situation d'insécurité
alimentaire modérée ou grave.
Les difficultés d'accès économique à une alimentation saine
continuent également de poser un problème majeur, qui touche plus
d'un tiers de la population mondiale. À partir des nouvelles
données disponibles sur les prix des produits alimentaires et grâce
aux améliorations méthodologiques qui ont été apportées, les
auteurs de la publication constatent que plus de 2,8 milliards
de personnes n'ont pas eu les moyens de s'alimenter sainement en
2022. Cette disparité est la plus marquée dans les pays à faible
revenu, où 71,5 pour cent de la population ne peut pas
accéder économiquement à un régime alimentaire sain, contre
6,3 pour cent dans les pays à revenu élevé. Il est à
noter que cette proportion est passée sous les niveaux d'avant la
pandémie en Asie ainsi qu'en Amérique du Nord et en Europe, mais qu'elle a considérablement
augmenté en Afrique.
Bien que des progrès aient été accomplis en matière
d'allaitement maternel exclusif des nourrissons, dont le taux
s'élève désormais à 48 pour cent, il sera difficile
d'atteindre les objectifs mondiaux définis dans le domaine de la
nutrition. La prévalence de l'insuffisance pondérale à la naissance
stagne autour de 15 pour cent, et le retard de croissance
chez les enfants de moins de 5 ans n'a toujours pas atteint
les objectifs fixés, même s'il a reculé pour s'établir à
22,3 pour cent. En outre, la prévalence de l'émaciation
chez les enfants n'a pas enregistré d'amélioration notable, tandis
que l'anémie chez les femmes de 15 à 49 ans a
augmenté.
De la même façon, les nouvelles estimations de la prévalence de
l'obésité chez l'adulte font apparaître une augmentation constante
au cours des 10 dernières années; de 12,1 pour cent
en 2012 on est passé à 15,8 pour cent en 2022.
D'après les projections, le monde comptera plus de
1,2 milliard d'adultes obèses d'ici à 2030. Le double fardeau
de la malnutrition - coexistence de la dénutrition avec l'excès
pondéral et l'obésité - s'est également intensifié à l'échelle
mondiale dans tous les groupes d'âge. La maigreur et l'insuffisance
pondérale ont reculé au cours des deux dernières décennies, tandis
que l'obésité a fortement augmenté.
Devant le retard que le monde a pris pour atteindre les sept
cibles mondiales relatives à la nutrition à l'horizon 2030,
ces tendances soulignent les défis complexes de la malnutrition
sous toutes ses formes et le besoin urgent d'interventions ciblées,
indiquent les cinq organismes.
L'insécurité alimentaire et la malnutrition s'accentuent en
raison d'une association de facteurs, notamment l'inflation
persistante des prix des aliments qui continue d'éroder les gains
économiques pour un grand nombre de personnes dans de nombreux
pays. Les principaux facteurs que sont les conflits, les
changements climatiques et les fléchissements économiques
deviennent de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. Ces
problèmes, auxquels s'ajoutent des causes sous-jacentes telles que
l'inaccessibilité économique d'une alimentation saine, des
environnements alimentaires néfastes pour la santé et la
persistance des inégalités, se conjuguent désormais, ce qui
amplifie leurs effets respectifs.
Des financements pour éliminer la faim
Le thème du rapport de cette année, «Des financements pour
éliminer la faim, l'insécurité alimentaire et toutes les formes de
malnutrition», attire l'attention sur le fait que la réalisation de
l'ODD 2, à savoir l'élimination de la faim, exige une approche
multidimensionnelle, et notamment de transformer et de renforcer
les systèmes agroalimentaires, de s'attaquer aux inégalités et de
garantir une alimentation saine pour tous, abordable et accessible.
Cette approche nécessite des ressources supplémentaires et
présentant un meilleur rapport coût-efficacité, ainsi qu'une
définition claire et standard du financement au service de la
sécurité alimentaire et de la nutrition.
Les chefs de secrétariat des cinq organismes des
Nations Unies à l'origine du rapport, à savoir
M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, M. Alvaro
Lario, Président du FIDA, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus,
Directeur général de l'OMS, Mme Cindy McCain,
Directrice exécutive du PAM, et Mme Catherine
Russel, Directrice générale de l'UNICEF, ont écrit dans
l'avant-propos du rapport: «L'une de nos toutes premières priorités
devra être d'estimer le déficit de financement pour la sécurité
alimentaire et la nutrition et de trouver des modes de financement
novateurs qui permettent de combler ce déficit. Les politiques,
instruments législatifs et interventions requis pour éliminer la
faim et faire en sorte que chacun ait accès à une alimentation
saine, nutritive et suffisante (cible 1 de l'ODD 2), et
pour mettre fin à toutes les formes de malnutrition (cible 2
de l'ODD 2) nécessitent de mobiliser d'importantes ressources.
Ce n'est pas seulement un investissement dans l'avenir, c'est aussi
un devoir. Notre but est de garantir le droit des générations
actuelles et futures à une alimentation et à une nutrition
adéquates.»
Comme cela est souligné dans le rapport et a été rappelé à
l'occasion du Forum politique de haut niveau qui s'est déroulé au
siège de l'Organisation des Nations Unies à New York, le
déficit de financement imminent appelle des solutions équitables
novatrices, en particulier dans les pays devant faire face à de
hauts niveaux de sous-alimentation chronique et de malnutrition
aggravés par les effets du changement climatique.
Les pays qui ont le plus besoin de ressources supplémentaires
rencontrent des difficultés pour accéder aux financements. Parmi
les 119 pays à revenu faible ou intermédiaire analysés,
63 pour cent environ ont un accès aux financements qui
est limité ou modéré. De surcroît, la majorité de ces pays
(74 pour cent) sont touchés par l'un au moins des
principaux facteurs contribuant à l'insécurité alimentaire et à la
malnutrition. Il est indispensable de mener des initiatives
concertées visant à harmoniser les données, à augmenter la
tolérance au risque et à améliorer la transparence si l'on veut
combler ce déficit et renforcer les dispositifs mondiaux destinés à
améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition.
Note à l'éditeur: rapport sur L'État de la sécurité
alimentaire et de la nutrition dans le monde
L'État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le
monde est un rapport annuel établi conjointement par le
Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds
international de développement agricole (FIDA), l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),
l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme
alimentaire mondial (PAM).
Depuis 1999, ses auteurs suivent et analysent les progrès
accomplis dans le monde en ce qui concerne l'élimination de la
faim, la concrétisation de la sécurité alimentaire et
l'amélioration de la nutrition. Ils fournissent également une
analyse approfondie des principales difficultés qui entravent la
réalisation de ces objectifs dans le contexte du Programme de
développement durable à l'horizon 2030. Le rapport s'adresse à un
large lectorat, notamment aux responsables politiques, aux
organisations internationales, aux établissements d'enseignement
supérieur et au grand public. Le thème de cette année arrive à
point nommé et peut s'avérer utile à l'approche du Sommet de
l'avenir et de la quatrième Conférence internationale sur le
financement du développement qui se tiendra en 2025.
SOURCE UNICEF Canada