OTTAWA,
ON, le 30 avril
2024 /CNW/ - La Fondation des Prix Michener a annoncé
aujourd'hui les finalistes du Prix Michener 2023 pour le
journalisme d'intérêt public.
Les finalistes de cette année sont : La Presse canadienne,
CBC/Radio-Canada, le Globe and Mail, la Montreal
Gazette, Narwhal et le Toronto Star, et
Radio-Canada.
« Nous soulignons aujourd'hui le travail de ces salles de
presse et les retombées sur la société, a déclaré avec fierté la
présidente de la Fondation des Prix
Michener, Margo Goodhand. Même si ce ne fut pas une
année de tout repos pour le journalisme canadien, les salles de
presse ont fait un travail inspirant. »
Créé en 1970, et considéré la plus importante distinction
journalistique canadienne, le Prix
Michener récompense la contribution exceptionnelle du
journalisme au service de l'intérêt public. Pour prendre ses
décisions, le jury évalue surtout les retombées positives pour la
population des dossiers présentés par les médias écrits,
électroniques et en ligne.
Selon la présidente du jury,
Katherine Sedgwick, toutes les candidatures témoignaient de la
forte passion, du dévouement et du travail acharné dont font preuve
les journalistes dans leur recherche de la vérité et de la justice.
« Ces finalistes sont des exemples remarquables de journalisme
d'enquête au service de l'intérêt public. »
Cette année, la cérémonie de remise des Prix Michener aura lieu à Ottawa le 14 juin à Rideau Hall, sous l'égide
de Son Excellence la Très Honorable Mary Simon, Gouverneure
générale du Canada. La soirée de
gala rendra également hommage aux lauréat.e.s de la Bourse Michener
2024 et du Prix Michener-Baxter pour services exceptionnels
au journalisme canadien.
Voici les finalistes du Prix Michener 2023 :
La Presse canadienne : A 'predator' at CSIS (Un «
prédateur » au Service canadien du renseignement de
sécurité)
Une enquête extrêmement exigeante, échelonnée sur
plusieurs mois à propos de l'une des organisations canadiennes les
plus opaques, le Service canadien du renseignement de sécurité en
Colombie-Britannique, a levé le voile sur un climat de travail
toxique. Le journaliste de la Presse canadienne Darryl Greer a
révélé que deux jeunes femmes auraient été agressées sexuellement à
plusieurs reprises par le même officier alors qu'elles se
trouvaient dans des véhicules de surveillance en mission secrète.
D'autres officiers ont décrit leur milieu de travail comme un
endroit où le harcèlement, la violence et l'intimidation, surtout à
l'endroit des jeunes recrues féminines, demeuraient impunis. Les
plaintes internes des victimes étaient rejetées et ces dernières ne
pouvaient s'adresser aux autorités, car elles étaient contraintes
au silence par la Loi sur le SCRS qui rend illégale
toute identification d'agents secrets, l'infraction étant passible
d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison. Ainsi, ces
femmes et le journaliste risquaient gros en mettant au jour cette
situation. Dès que l'affaire a éclaté, des changements ont été
appliqués. Le premier ministre Justin Trudeau a décrit les
allégations d'« accablantes ». Le directeur du SCRS
a déclaré que le Service vivait un grand bouleversement. Il a
annoncé le congédiement du violeur présumé. Il a aussi mis en place
des mesures contre le harcèlement et a commandé la création d'un
poste d'ombudsman à qui les officiers peuvent désormais porter
plainte sans crainte de représailles.
CBC/Radio-Canada : The girls around Robert Miller/Le système
Miller
Robert Miller a fondé une entreprise de
composantes électroniques à Montréal dans les années 1960,
entreprise qui s'est étendue dans 44 pays et compte des
milliers d'employés. Cet homme, aujourd'hui l'un des plus fortunés
du Canada, s'est construit un
monde de privilèges derrière un écran de secret. Mais son monde
s'est écroulé lorsque des journalistes de Radio-Canada se sont mis
à enquêter sur les rumeurs à propos d'un homme qui se faisait
appeler « Bob ». Les journalistes de l'émission Enquête
ont travaillé pendant des mois pour retrouver les femmes concernées
et gagner leur confiance. Ces dernières ont confirmé que
« Bob » était bien le milliardaire de 79 ans
Robert Miller. Elles ont décrit le processus de recrutement
dont les jeunes filles d'à peine 14 ans ont fait l'objet pour
assouvir les fantasmes sexuels de l'homme d'affaires. On les
conduisait à un hôtel chic ou à une maison dans le quartier aisé de
Westmount où elles se voyaient
offrir de l'argent, des vêtements et des bijoux en échange des
rencontres. Certaines ont admis avoir reçu de l'argent de
l'agresseur pour qu'elles recrutent d'autres filles. Après la
diffusion du reportage d'Enquête, M. Miller a quitté ses
fonctions de PDG l'entreprise multinationale. Le service de police
a rouvert une enquête criminelle vieille de plusieurs décennies
qu'il avait abandonnée. Depuis, plus d'une trentaine de femmes ont
intenté un recours collectif contre le milliardaire, réclamant un
dédommagement pour les séquelles qu'elles portent encore.
Le Globe and Mail : Montreal fire safety (La protection contre les
incendies à Montréal)
Un incendie s'est déclaré dans un
bâtiment historique du Vieux-Montréal en mars 2023 et a coûté
la vie à sept personnes. Il a fait les manchettes de tous les
organes de presse montréalais. Après coup,
Frédérik-Xavier Duhamel du Globe and Mail a découvert
que le service d'incendie de la Ville de Montréal avait furtivement
imposé, cinq ans auparavant, un moratoire sur les inspections qui
auraient pourtant pu prévenir ces décès. Le journaliste a appris
que le bâtiment avait par le passé reçu des infractions liées aux
voies d'évacuation, aux alarmes d'incendie et à d'autres enjeux de
sécurité. La mairesse a immédiatement demandé la tenue d'une
enquête par le vérificateur général de la Ville. Après plusieurs
mois, on a appris que le service d'incendie avait abandonné les
inspections de bâtiments et décidé de déroger aux normes de
sécurité en vigueur. En août 2023, l'opposition a exigé du
service d'incendie qu'il présente les résultats des inspections et
ses stratégies de prévention des incendies. Le service d'incendie a
admis avoir rehaussé ses activités de prévention partout dans la
ville depuis que le Globe and Mail avait révélé l'existence
du moratoire. La Ville a aussi annoncé l'ouverture de dizaines de
postes d'agents de prévention pour inspecter les bâtiments et
sanctionner les propriétaires fautifs.
La Montreal Gazette : Staff haunted by suicide at
the Lakeshore Hospital ER (Le personnel de l'urgence de l'hôpital
Lakeshore, hanté par un suicide)
La pandémie
de COVID-19 est venue exacerber la crise qui sévissait dans
les salles d'urgence des hôpitaux au Canada. Le reporter Aaron Derfel a montré
les conséquences humaines de la pénurie d'effectifs et de
l'engorgement des urgences d'un hôpital montréalais ayant été
décrit, par le rapport d'un médiateur, comme une « véritable
bombe à retardement ». M. Derfel a relaté le décès,
probablement évitable, de six patients aux urgences de l'hôpital
Lakeshore. Il a exposé la façon dont l'autorité régionale de la
santé a couvert les circonstances des morts, occultant de
l'information aux familles qui avaient pourtant le droit de savoir.
Un des patients, un ex-policier retraité, s'était pendu avec le
cordon d'une sonnette après avoir passé quatorze heures sur une
civière. Le journaliste a constaté que le cordon était encore en
place quatre ans plus tard, même si l'hôpital prétendait l'avoir
retiré. Il aura fallu la diffusion du reportage pour que le cordon
soit finalement enlevé. Heureusement, l'histoire ne s'arrête pas
là. Le gouvernement du Québec a ouvert une enquête sur l'hôpital
Lakeshore, enquête qui a largement confirmé les révélatioins
journalistiques. L'autorité de santé a annoncé l'agrandissement de
l'urgence. Enfin, le dernier article a été utilisé par le Lakeshore
pour produire un guide pour améliorer les protocoles d'urgence.
Le Narwhal et le Toronto Star : Ontario
Greenbelt Scandal (Scandale sur la ceinture de verdure de
l'Ontario)
Quand la vérificatrice générale de
l'Ontario a présenté son rapport
sur le scandale de la ceinture de verdure autour du Grand Toronto,
elle a cité deux salles de nouvelles qui lui ont rapporté de
l'information nouvelle et révélatrice. En 2023, le
Narwhal et le Toronto Star ont révélé que des
promoteurs immobiliers proches du parti au pouvoir en Ontario auraient acheté des terres agricoles à
petit prix tout juste avant que le premier ministre Doug Ford
lève la protection de ces terres. Le Narwhal et le
Toronto Star ont capté l'attention du public en diffusant
régulièrement des révélations exclusives : le fait que les
promoteurs jouissaient de bonnes relations avec le premier ministre
au point où ils ont été invités au mariage de sa fille; les
violations des codes de déontologie; le dévoilement d'un mystérieux
« M. X » qui mettait en lien des promoteurs avec des
fonctionnaires. Malgré les critiques quasi constantes du
gouvernement pour leur travail, les journalistes ont persévéré.
Leur enquête a conduit M. Ford à abandonner le plan visant à
autoriser le lotissement de terres anciennement protégées de la
ceinture verte et à démettre de leurs fonctions deux ministres et
deux hauts fonctionnaires. La GRC a ouvert une enquête.
Selon la vérificatrice générale, le
travail du Narwhal et du Toronto Star « a
grandement contribué à sensibiliser le public et, au bout du
compte, à renverser l'inacceptable tentative du provincial visant à
retirer des terres de la ceinture de verdure ».
Radio-Canada : La face cachée de Neptune (The dark side
of Neptune)
Plus d'une décennie durant, l'agence Neptune,
spécialisée en sécurité, a reçu des centaines de millions de
dollars des administrations fédérale, provinciales et municipales
de partout au pays pour ses services de gardiennage d'endroits
névralgiques comme les palais de justice, postes de police, centres
de détention de l'immigration. L'entreprise avait même obtenu une
cote de sécurité, qui lui donnait accès à la Gendarmerie royale du
Canada (GRC) et à des bases militaires. Tous ces contrats ont
pris fin abruptement quand l'émission Enquête de Radio-Canada a
fait un rapport accablant sur les pseudonymes et fausses identités
employés par les administrateurs de l'entreprise, une information
qui avait échappé aux autorités publiques. Le gouvernement du
Québec a ouvert une enquête sur-le-champ, et Revenu Québec a saisi
les comptes bancaires de l'entreprise. Depuis, Neptune a déclaré
faillite, et le directeur de l'entreprise fait l'objet de plusieurs
poursuites. Ce reportage montre que le journalisme d'enquête
parvient parfois plus efficacement que les institutions
gouvernementales à détecter les fraudeurs, même lorsque ces
derniers s'en prennent aux institutions censées nous en
protéger.
La semaine dernière, la Fondation des Prix Michener a annoncé les personnes lauréates
de la Bourse Michener-Deacon pour le journalisme d'enquête. Il
s'agit d'Ève Lévesque et Marie-Christine Noël pour leur projet
d'enquête sur la sécurité alimentaire au Canada qui sera publié dans L'Actualité. La
Bourse Michener - L. Richard O'Hagan a quant à elle été remise
à Jean-Hugues Roy et Naël Shiab pour la création d'un
cours en ligne gratuit sur le journalisme de données.
Les juges du Prix Michener 2023 :
- Katherine Sedgwick (présidente
du jury), ex-professeure de journalisme au Collège Loyalist et
ex-éditrice adjointe à The Montreal Gazette
- Sally Reardon, ex-directrice de
l'information à CBC-TV
- Tahieròn:iohte Dan David,
journaliste, formateur dans le domaine des médias et directeur
fondateur d'APTN News
- Mary McGuire, professeure à la
retraite de journalisme à l'Université Carleton
- Guy Gendron, journaliste des
médias audiovisuels et ex-ombudsman de Radio-Canada
Merci à notre commanditaire, Cision, pour l'aide à la diffusion
du présent communiqué.
Les Prix
Michener
Les Prix
Michener font l'éloge et la promotion de l'excellence en
matière de journalisme d'intérêt public au Canada. Le Prix
Michener, créé en 1970 par le très honorable et
regretté Roland Michener, gouverneur
général du Canada de 1967 à 1974,
est la plus haute distinction journalistique au pays. Le conseil
d'administration bénévole de la Fondation des Prix Michener administre le Prix, en partenariat
avec la Fondation Rideau Hall et grâce au soutien de ses
commanditaires BMO, Cision, Power Corporation du Canada, et TD. Pour plus de renseignements,
consultez le www.prixmichener.ca.
SOURCE LA FONDATION DES PRIX MICHENER